6 jours en mer
Nous envisagions l’Angleterre comme un lieu d’apprentissage et tel fut le cas. Nous y avons apprécié quelques endroits comme l’Ile de Wight, Dartmouth ou les Iles Scilly mais nous y avons surtout expérimenté la mer, le vent, le froid, le brouillard et les ports, sans oublier, la formidable nourriture colorée mais sans goût et l’humour anglais ! Nous ne regrettons pas d’avoir commencé notre voyage par là.
Nous avons quitté Saint Mary, île principale des Iles Scilly, à l’extrême ouest de l’Angleterre, le 13 juin 2005 à 13 h. Etait-ce folie de notre part de conjurer doublement le sort ? Aujourd’hui encore, notre avis sur la question est mitigé. En effet, et par ordre chronologique : 2 heures après le départ, une fuite d’eau potable a rempli le fond du bateau… Olivier a trouvé directement le tuyau desserré, l’a remis en place et a écopé pendant au moins 2 heures - La première nuit en mer fut parfaite, les vents de force et de direction idéales, par contre, la seconde nuit, nous avons essuyé un vent frais, avec des vents de force 7, de la pluie, du brouillard, des vagues de 4 à 6 mètres, le pilote automatique qui a sauté et donc l’obligation de tenir la barre alors que l’on est aspergé de toute part par la pluie et les vagues qui s’écrasent sur le pont et dans le cockpit ! Mais pas le temps d’avoir peur, il faut sortir de ce mauvais temps. Cela a duré certainement 15 heures ! - Nous ne sommes pas arrivés à La Corogne comme nous l’envisagions, mais bien plus à l’est, à Luarca, en Galice, où les vents contraires nous ont poussés. Par contre, nous avons vraiment apprécié la Galice alors que nous n’envisagions pas de la visiter. C’est une région restée sauvage, très verte et très vallonnée, les buildings y sont absents, les paysages côtiers, jalonnés de petits villages, avec les Pyrénées en arrière plan, sont réellement magnifiques – Et surtout nous avons rencontré beaucoup de personnes qui ont marqué notre voyage de leur empreinte (Dave sur Stuart Milroy avec ses amis danois ; Sophie, Thierry, Alexandre et Louis sur Carpe Diem III ; Patricia, Thierry et Marvin sur New Life ; Jean-Christophe sur Terry Jenn,…) et que nous avons retrouvées chaque fois avec autant de plaisir au gré des escales – et puis 6 jours en mer, quelle expérience !
6 jours en mer cela signifie des bleus partout ; le mal de mer le second jour, impossible d’avaler quoique ce soit et se forcer à le faire malgré tout ; mal et surtout trop peu dormi, le dernier jour, nos yeux se fermaient tout seuls ; des moments de bonheur quand le bateau file dans le vent, des moments de maux de tête quand le bateau n’avance pas au moteur par manque de vent ; une incroyable gamme de bruits, craquements et sifflements divers partout dans le bateau comme autant de voix qui chantent et nous parlent sans arrêt ; du brouillard à couper au couteau ; des beaux couchers et levers de soleil ; l’émerveillement de voir des dauphins jouer autour du bateau ; la compagnie d’un pigeon voyageur venu se reposer sur le pont du bateau ; des heures sans voir un seul bateau à l’horizon, quelques fois un cargo ou un bateau de pêcheur ; se laver à l’évier dans 10 cm d’eau pour ne pas qu’elle déborde à cause de la gîte tout en se tenant d’une main pour ne pas glisser ; s’habiller, se déshabiller comme des acrobates (surtout pour les salopettes et les bottes) ; pas trop mal mangé mais pas très bien non plus, etc…